Point trigger et dry needling

Points trigger myofasciaux
Origines

Utilisation d’une balle Beastie extra-ferme pour stimuler un point trigger sous le genou.

C’est Janet Travell qui a inventé le terme Myofascial Trigger Points en 1942 afin de décrire les « nœuds » ou nodules que l’on peut ressentir à certains emplacements au sein de muscles tendus. Le terme trigger, comme souvent en anglais, comporte plusieurs significations qui empêche une traduction simple signifiante. On traduit souvent par « points gâchette » mais une meilleure traduction serait « point déclencheurs » car ces point déclenchent une douleur soit directement à leur emplacement soit à distance (une douleur qui irradie depuis le point). Nous garderons donc l’usage de « points trigger myofasciaux » (PTM) ou de manière plus courte points trigger.

 
Rôles des points trigger

Ces points jouent un rôle important dans le corps et sont d’une importance capitale pour tout professionnel et pour toute personne qui s’intéresse au corps humain, à la posture et la libération de la douleur. D’après Paul Ingraham (https://www.painscience.com, le site de référence sur le sujet en anglais), les points trigger myofasciaux peuvent :

  • Être la cause directe de douleurs, ce sont des points douloureux dans le système myofascial.
  • Compliquer ou amplifier des douleurs ayant d’autres causes que myofasciales ou interférer avec des douleurs dues à des blessures.
  • Se faire passer pour un « problème » identifié (mal de tête, de dents, de muscles, de dos, de genoux, de ventre, de nerfs…).

Les spécialistes des points trigger estiment qu’ils sont à l’origine de 75 à 95 % des douleurs musculaires. Une grande particularité des PTM est qu’ils sont souvent présents à distance du lieu de la douleur dont on souffre.

 
Causes de la formation de points trigger

Les causes les plus fréquentes d’apparition généralement admises des PTM sont :

  •     Les chocs, blessures et accidents.
  •     De mauvaises habitudes posturales.
  •     Des efforts sportifs ou des gestes répétitifs (clics de souris compris).
  •     Des carences nutritionnelles en vitamines et minéraux (surtout la vitamine D).
  •     Les tensions psycho-émotionnelles (stress).

 
Détection des points trigger

Voici quelques éléments permettant de trouver l’emplacement des PTM :

  •     En règle générale, les points trigger se trouvent au sein d’un muscle raide ou douloureux, donc commencez par chercher là !
  •     Les points trigger sont sensibles au toucher et créent une douleur lancinante.
  •     Sous les doigts on peut souvent sentir un nœud, des nodules ou une tension.
  •     Appuyer sur un point trigger génère normalement une douleur référée (à distance).
  •     Si le fait d’appuyer sur le point permet de reproduire les symptômes de la personne, alors c’est que vous y êtes !

Désactivation (harmonisation)

Les deux techniques de base pour désactiver (libérer) les points trigger myofasciaux sont :

  •     La compression
  •     La stimulation lente et profonde

La technique de compression consiste à appuyer soit longuement soit de manière rythmique sur le point trouvé.
La stimulation lente et profonde se fait si possible progressivement en respectant dans la mesure du possible le sens des fibres musculaires et en allant vers le cœur.

Dans les deux cas on cherchera à préserver ses doigts et à utiliser des outils dédiés (balles, bâtons, rouleaux…). Pour pratiquer sur autrui, le plus facile et pratique, est de prendre en main une balle Beastie sur son support après avoir localisé manuellement le point.

 

Qu’est ce que le « Dry needling » ?

Depuis quelques mois, une nouvelle technique fait officiellement son apparition chez les masseur-kinésithérapeutes français. Le « Dry needling » ou « Puncture kinésithérapique par aiguille sèche » vient s’ajouter aux compétences des praticiens qui ont décidé de s’y former… Qu’est ce que c’est ? Quelle est sa valeur ajoutée ? Dans quel cas est elle indiquée ?

Comme son nom l’indique, cette technique utilise une aiguille d’acupuncture stérile (donc, sans aucun produit), pour aller directement dans le « Trigger point actif» d’un muscle.

Un point trigger actif, ou « point gâchette » est une tension musculaire qui engendre des douleurs irradiantes, ou « douleurs projetées », une douleur qui est ressentie à distance de l'endroit ou elle prend naissance. On parle de « syndrome myofacial ».

Ces points gâchette , ou « contractures » dans le langage courant, peuvent être présents dans n’importe quel muscle du corps, et créer des douleurs très invalidantes, qui peuvent être comparées à des douleurs projetées de type « sciatique », « tendinite » ; ou que l’on peut aussi trouver dans les fibromyalgies. La douleur peut être lancinante, ou vive, comme une crampe, provoquant une inflammation très locale, voire même peut être, une restriction d’amplitudes de mouvements, une raideur.

Les douleurs projetées des points trigger peuvent aussi être responsables de migraines, lorsque ce sont les muscles de la région cervicale qui sont incriminés.


Alors comment agit réellement cette aiguille ?

La question à laquelle il faudrait d’abord répondre est, pourquoi une tension musculaire, une « contracture » se forme-t-elle ?

En fait, il a localement un manque d’afflux sanguin, qui empêche le muscle de se décontracter. En effet, c’est dans le sang que le muscle va trouver l’énergie nécessaire à sa décontraction.

Un point trigger se forme à cause de ce manque de sang, pouvant créer un syndrome inflammatoire local et un cercle vicieux de la douleur se forme.

L’aiguille va venir au centre de cette contracture, provoquant un « twitch », ou autrement dit une « secousse musculaire », rétablissant localement l’afflux sanguin. Le muscle est alors beaucoup plus détendu, la douleur s’estompe, les amplitudes s’améliorent.


La valeur ajoutée du « Dry needling »

Dans la pratique, cette technique montre beaucoup d’avantages :

-      rapide et directe : l’aiguille permet d’aller directement à l’endroit douloureux, qu’il soit profond ou non.

-      Le nombre de séances est bien plus restreint pour le traitement d’une même pathologie que lorsqu’on utilise d’autres techniques de kinésithérapie (comme le massage, les étirements, etc.)

-      Une séance de « Dry needling » demande un bilan préalable juste et précis afin de pouvoir piquer la zone du muscle responsable de la douleur, mais l’acte en lui même ne dure que quelques minutes, ce qui est plus confortable pour le patient.

-      Il existe une soixantaine de muscles décrits à la puncture en « dry needling »

-      Attention tout de même, le praticien doit être formé spécifiquement à cette technique et l’acte doit être pratiqué dans des conditions propres et sans danger.

Dans tous les cas, demandez à votre thérapeute en Dry needling si vous êtes éligible à ce traitement. Lui seul, pourra établir le bilan de votre douleur, et choisira ou non cette technique, si elle est adaptée à vos symptômes, et si vous ne présentez pas de contre-indications.


Suite à une séance de Dry needling

Après la séance, le patient peut ressentir des courbatures durant 24 à 72h sur la zone puncturée, mais la douleur de départ doit être améliorée dés la première ou la deuxième séance de Dry needling. Si ce n’est pas le cas, c’est soit que la méthode n’est pas adaptée au patient, soit que le diagnostic du muscle incriminé est faux.  


Ne pas confondre Dry needling et Acupuncture

Attention à ne pas faire d’amalgame entre ces deux techniques qui n’ont en commun que l’aiguille sèche.

En effet, l’acupuncture n’a absolument rien à voir avec le Dry needling, pour la bonne raison que l’acupuncture va utiliser les points énergétiques des méridiens, dont le choix se fera en fonction d’un bilan énergétique du patient. C’est la combinaison de plusieurs points d’acupuncture choisis par le thérapeute, qui traitera les symptômes et le terrain de la personne en fonction de sa demande.

Le « dry needling » agit, quant à lui, sur une douleur irradiante donnée, déclenchée par un Trigger Point actif.


Le Dryneedling pour qui ?

Le Dry needling est approprié à toute personne présentant des douleurs irradiantes provoquées par un point trigger actif. Les modalités d’activation de ces Points Trigger peuvent être dues à différents facteurs :

-      Des mouvements répétitifs

-      La sur-sollicitation des muscles chez les sportifs

-      Un traumatisme (coup du lapin, choc, chute, accident…)

-      Une mauvaise posture

-      Des maladies rhumatismales

-      Des troubles circulatoires (mauvaise oxygénation des tissus, créant une ischémie locale)

-      Le stress ou les contrariétés de la vie

-      L’accumulation de toxines

-      Des carences alimentaires (vitamines et mineraux..)

-      Une mauvaise hygiène de vie (tabac, alcool, alimentation trop riche en graisses…)

-      Etc…

 

Vidéo interview de la formatrice d'Isabelle Chaffard au sein de l 'organisme de formation